mardi 24 mars 2015

#Réflexions - Lulu

"- Est-ce que tu crois en Dieu ?

- Tu veux dire en un être qui aurait créé la Terre et tout ce qui vit dessus ?

- A peu près oui.

- Non."





...


Je crois en la matière et en sa capacité à générer la vie. Je crois à la logique des cellules et en leur capacité à s'organiser dans le but de s'adapter, de se développer et d'exister. Je pense que nous sommes le stade actuel d'une expérience qui se poursuit et apprend continuellement.


...


"- Et si un de tes enfants mourrait, avant toi, tu n'aurais pas envie de croire en Dieu ?

- T'es bête toi. Tu n'as pas besoin de faire mourrir mes enfants pour me poser la question de la mort. Et d'ailleurs, c'est un aspect différent. Si tu insinues que les gens croient en Dieu pour se rassurer sur la question de la mort, tu réduis sacrément la portée de la foi.

Bien que tu n'aies probablement pas complètement tort."


...


Je ne me confronte pas encore beaucoup à la mort. Je l'ai peu connue chez ceux qui sont importants pour moi et je la perçois comme encore loin de moi. Je pense avoir une approche assez illogique de cette question.


Je fais parfois appel à mes "morts". Lorsque je crains ou que j'ai envie de quelque chose. Lorsque je souhaite une forme de protection, pour ceux que j'aime ou pour moi-même. Lorsque je doute, que je me questionne, que j'erre.

Il y a Lucie, Tonton D'jé, Tata Mado, Bruno. Plus rarement il y a Tata Rolande. Il y a aussi Nanni et Corona, bien que je ne les ai pas connus. Je les imagine souvent en groupe, comme en réunion. C'est de la diversité de leurs caractère et personnalité, du moins tels que je les imagine encore, que viens l'intérêt de la démarche. C'est un peu comme s'ils me permettaient, dans les dialogues et interactions que je leur prête, d'adopter différents points de vue, d'entrevoir diverses possibilités, d'argumenter et contre-argumenter. Avec eux je prends du recul. Et du plaisir aussi. Je les retrouve dans ce que j'ai gardé d'eux, les petites attitudes, les tics de langage et de comportement, les marottes, les expressions, les entêtements. J'ai souvent besoin du couple Lucie-Mado parce qu'elles n'étaient jamais d'accord.

Bien évidemment, je ne suis pas fidèle à ce que tous étaient au fond. Je ne les ai pas suffisamment connus, j'étais pour la plupart petite lorsqu'ils sont morts. Mais ils sont là avec moi, lorsque je les appelle. Je m'imagine les dérangeant dans leurs occupations, arrivant bougonnants, mais disponibles, toujours.



C'est ce que j'essaie parfois d'expliquer à Martin, lorsqu'il a peur de la mort, de la nôtre, de la sienne. Qu'on ne sait pas ce qu'il advient, que je ne sais pas ce qu'il advient et que je ne veux pas lui raconter d'histoire. Qu'il est libre de croire ce qui lui fait du bien et ce qui fait sens pour lui. Bien sûr c'est compliqué. C'est risqué aussi. Ca n'a rien de rassurant, là où Martin aurait besoin de certitudes et de confort. Heureusement, il y a Mamie, Papi et le Petit Jésus. Parce que chacun à leur manière Mamie et Papi croit en une vie après la mort, Martin a la possibilité d'entendre auprès d'eux parler d'autres croyances, qui lui sont exposées là aussi avec sincérité. Ca reste difficile. Parce qu'il n'y a pas de voix unique.



Les gens qu'on aime, qui comptent, qui sont importants, une fois morts, je considère qu'ils sont avec nous encore, si nous le voulons. Je crois aussi que c'est une force que de pouvoir se référer à eux, pour ce qu'ils nous ont fait vivre, ce qu'ils nous ont appris, ce qu'ils ont incarné pour nous.

Qui existe avec nous.

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