samedi 11 avril 2015

#Comptes-Rendus - Les origines de la cuisine

Je ne les ai pour le moment pas trouvées...

Mais je suis tombée sur un article, publié en 1979, par madame Catherine Perlès, préhistorienne.

Sous le titre "Les origines de la cuisine", madame Perlès défend l'hypothèse selon laquelle "L'homme est homme parce qu'il mange cuit" ou que, plus généralement, "les options alimentaires et culinaires de l'homme ont joué un rôle important dans la formation même de la société humaine".


Je vous l'accorde, nous sommes un peu loin du sujet initial et de mon questionnement sur ce qui a pu pousser les être humains à se mettre à la cuisine.
Et pourtant, le sujet m'a intéressé.
Il n'est abordé que par accroches successives, comme c'est souvent le cas dans un article de dix pages sur un thème qui demanderait un mémoire, mais c'est "chouette" quand même.
Je crois que j'ai juste été contente de cette découverte. Comme d'avoir trouvé un petit trésor du passé qui fait encore sens aujourd'hui.

Alors... : "De quelles manières les choix alimentaires de nos lointains ancêtres ont-ils influé sur la structure sociale de leur groupe ?"
Voilà pour ma part ce que j'en ai retenu pour vous.

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NDLR : Madame Perlès est, pour rappel, préhistorienne. Les "hommes" évoqués ci-après sont vieux de plusieurs milliers voire millions d'années. D'un point de vue strict, ils n'étaient pas des hommes tels que nous le sommes aujourd'hui mais plutôt d'abord de grands primates, puis des hominidés, puis des hommes. C'est la lente évolution des primates aux hommes qui est appelée "processus d'hominisation", et dans lequel madame Perlès considère que "l'acte culinaire", fait de cuire et de combiner les aliments, a joué une rôle fondamental.


La chasse a structuré le groupe

A un moment (il y a environ 1 million d'années), les hommes dont nous sommes les descendants sont passés du stade de cueilleurs à celui de cueilleurs-chasseurs.

La collecte peut être un acte individuel dans le sens où elle ne demande pas de coordonner les actions réfléchies de plusieurs individus.

La chasse en revanche, pour des hommes peu prédisposés, ne peut être qu'affaire de groupe. Il faut se relayer pour parcourir de longues distances, rabattre à plusieurs pour piéger, contraindre, transporter.

Avec la chasse, l'acquisition de la nourriture est devenue donc, au moins pour partie, collective.
Socialement, elle a soutenu le développement d'un système de communication pour coordonner les actions ; le respect d'une hiérarchie et l'obéissance à un meneur ; l'élaboration concertée d'une stratégie de chasse en fonction du gibier identifié.

Les hommes ont acquis une partie de leur nourriture en groupe, mais ont pu continuer à la consommer individuellement.
Chaque chose en son temps...


Le feu a fait de l'acte alimentaire un acte social

Dès lors que le feu est devenu un élément de l'acte alimentaire en cuisant les aliments, les pratiques du groupe ont évolué à nouveau.

Pour cuire, il faut alimenter et entretenir le feu. Et pour manger, il faut cueillir et chasser. Mais un seul individu ne peut accomplir l'ensemble de ces tâches, qui s'organisent désormais en un processus plus complexe.

Avec le feu, l'acte alimentaire est devenu "acte culinaire" et devenu "projet" : il a demandé prévision, réflexion, organisation et anticipation.

En transformant l'acte alimentaire en acte culinaire, le feu a instauré une nouvelle cohésion de groupe, qui, au-delà de l'acquisition de la nourriture, s'est étendu à la prise de repas en commun (constitués collectivement), en un lieu fixe (celui du foyer), à un moment précis (lorsque la nourriture était cuite).

De quoi socialiser à fond... Et comprendre bien des choses sur les implications du feu 500 000 ans plus tard...


Les femelles ont récolté et cuisiné

Sur ce point, la position de madame Perlès consiste à rappeler que la plus grande partie de l'existence adulte de la "femelle" à l'époque est consacrée à procréer et à élever ses enfants. Il n'y a pas là preuve de machisme avéré (point du tout) mais plutôt raison physiologique : la durée de vie est courte et la puberté proportionnellement tardive.

La chasse demande une attention soutenue et de longue durée qui n'est pas compatible avec le fait de procréer et d'élever des enfants... Contrairement à la cueillette, à l'entretien du feu ou à la collecte du bois.

Ainsi, le propos laisse entendre que c'est la disponibilité ou l'indisponibilité des "femelles" qui les a écarté de la chasse, structurant ainsi sexuellement le groupe.

Pragmatiques les ancêtres.


NDLR-2 : L'article de madame Perlès est bien plus long et instructif que peut le laisser penser ce billet. Les autres aspects tendant cependant à sortir de mon sujet, j'ai préféré ne pas les aborder.

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"Tu n'aimes pas cuisiner ?...
Arrête la viande, mange cru... et sois un mâle..."







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